L'imprimante 3D pour la santé, l'alimentation, le commerce, l'aéronautique, l'architecture…
Vous pensiez cette technologie encore confidentielle ? Voyez comment elle s’est déjà invitée dans de nombreux secteurs d’activité et comment elle risque de changer votre quotidien.
Pour le consommateur lambda, une imprimante 3D reste un périphérique cher et réservé à un public professionnel. Pourtant, le mouvement de l’impression 3D est bien en marche, et la prise en charge en natif de logiciels de conception 3D sous Windows 8.1 en est une illustration parmi tant d’autres.
Au fil des mois, on voit de plus en plus de domaines concernés par ce nouveau phénomène. En voici quelques uns…
Le monde de la santé
Nous n’en sommes pas encore à nous imprimer à la maison un petit orteil que l’on viendrait juste de se sectionner, mais la perspective ne paraît pas si folle. De nombreuses applications médicales ont déjà été mises en place.
À l’image du cas de Stephen Power rapporté par la BBC, un jeune britannique de 29 ans qui a été victime d’un grave accident de la route en 2012. Depuis, l’homme cachait son visage déformé par le choc.
Après un scanner 3D de sa mâchoire et une modélisation 3D de l’ensemble de la boîte crânienne du malade, le service de chirurgie de l’Hôpital de Morriston de Swansea au Royaume-Uni a réalisé une prothèse des zones manquantes du visage. Le tout a été réalisé en imprimante 3D avec du titane comme matériau.
8 heures d’opération auront été nécessaires mais le résultat satisfait aussi bien le malade que l’équipe médicale. D’autres champs d’opérations sont au programme dans ce secteur. On pense notamment à l’impression de tissus pour les grands brûlés, lé réimpression d’organes complets basés sur l’ADN du patient pour limiter les rejets de greffons…
L’homme bionique est actuellement en cours de réalisation… et de téléchargement.
L’alimentation et l’agro-alimentaire
Les imprimantes alimentaires font également parler d’elles. On pense d’abord à Barilla, le célèbre groupe alimentaire qui teste actuellement l’impression de pâtes en 3D. Vous n’irez bientôt plus chercher vos paquets de pâtes au supermarché du coin mais vos recharges alimentaires.
La NASA s’intéresse aussi de près à cette nouvelle alimentation. En mai 2013, on apprenait que l’agence spatiale américaine avait fait un chèque de 125.000 dollars à Anjan Contractor pour mener à bien un projet de pizzas imprimables en 3D. Cet ingénieur de Systems & Materials Research Corporation a pour mission de concevoir un système permettant d’imprimer la pâte puis les couches de nourritures successives. Ces dernières proviendront de petites cartouches contenant les substances alimentaires, lesquelles remplaceront les traditionnelles cartouches d’encre.
La forme aplatie de la pizza devrait favoriser la conception du dispositif. La cuisson aurait lieu lors du processus d’impression. La durée de conversation des ingrédients alimentaires utilisés pour ce système pourrait atteindre 30 ans. De quoi envisager une extension du procédé aux pays victimes de pénuries alimentaires.
La conquête spatiale
Restons la tête dans les étoiles avec ce projet un peu fou de concept d’abris lunaires réalisés en 3D. L’agence spatiale européenne (ESA) pense à envoyer sur la Lune un dispositif d’impression 3D et d’utiliser au maximum les matériaux déjà présents à la surface de notre satellite naturel (sable et oxyde de magnésium). Dans les « bagages » de ce convoi aussi spatial que spécial, on trouverait également une structure gonflable. Pour la protéger, les diverses couches imprimées en 3D prendraient alors place au-dessus de cet abri pressurisé.
C’est un projet dont l’ESA étudie aujourd’hui la faisabilité, et voilà ce que ça pourrait donner à terme…
Projet illustré sur Foster+Partners
La construction d’un seul abri pourrait prendre 1 à 2 semaines.
Le bâtiment/l’architecture
Et c’est aussi le monde de l’architecture et du bâtiment (terrestre) qui pourrait bien être révolutionné avec ces nouveaux dispositifs de fabrication.
Imaginez une gigantesque machine pré-programmée et qui construirait une habitation couche après couche, méthodiquement et très rapidement. Selon le spécialiste de la robotique Contour Crafting , il ne faudrait pas plus de 24 heures pour bâtir ce nouveau type d’édifice.
Pas idéal pour l’emploi du secteur mais une démonstration particulièrement impressionnante :
Petit commerce et tourisme
La scène se passe en 2011 sur les Ramblas de Barcelone. Les touristes et badauds déambulent sur ces artères touristiques et s’interrogent sur ces personnes qui prennent des poses un peu étranges.
Voyez à quoi ressemblera peut-être la petite boutique de souvenirs de demain : une petite figurine 3D devant le monument le plus populaire de la ville ?
Be Your Own Souvenir! from blablabLAB on Vimeo.
Par extension, et puisque ces machines sont capables de reproduire des silhouettes détaillées, il est certain que la réalisation 3D de matériel de maison (ustensiles de cuisine, objets de décoration, meubles…) ne devrait pas poser plus de problèmes que ça.
Finalement, la qualité de réalisation d’objets, quels qu’ils soient, dépendra d’au moins 3 critères :
- des capacités techniques de l’imprimante 3D
- des consommables utilisés
- des patrons/plans pour réaliser les objets
L’habillement/la mode
Puisqu’on sait imprimer quasiment n’importe quel objet, le monde du textile et de l’accessoire va difficilement pouvoir échapper à cette révolution technologique.
Pia Hinze, une « Fashion Designer » a déjà recours à cette technologie pour habiller ses mannequins :
Le crime
On termine avec un secteur d’activité qui « tire » lui aussi partie de cette innovation 3D. Le document n’est plus en ligne aujourd’hui (mais pourra facilement être retrouvé par qui veut) mais il était possible de disposer d’un patron pour créer son chargeur de munitions 3D.
Sur le même registre, il y a cette invention de Cody Wilson qui a mis sur pied une arme réalisée avec une imprimante 3D. Et il est bien entendu très fier de vous en faire la démonstration :
Et pour boucler la boucle du parcours d’un bandit, sachez qu’un hacker allemand a réalisé une clé spéciale permettant d’ouvrir un grand nombre de menottes. Pour se faire, une imprimante 3D !
Conclusion
Depuis maintenant de nombreuses années, on assiste à une numérisation de notre monde, que ce soit notre savoir (bibliothèques virtuelles, Wikipédia…, nos rues (Street View), nos souvenis photos et vidéos, notre géographie (Google Earth, Bing Maps, Here…), nos humeurs et nos goûts (les réseaux sociaux)… Avec l’impression 3D, nous nous apprêtons à faire le chemin inverse en passant du numérique au réel.
Dans les 2 cas, des éditeurs vont se positionner entre ce monde virtuel et ce monde réel. Que ce soit pour nous offrir produits et services, pour capter de l’information et pour monétiser le tout. L’intermédiation est au cœur de ces révolutions numériques auxquelles nous assistons depuis maintenant quelques années. Et les éditeurs, fabricants et constructeurs ont tout intérêt à se positionner en tant qu’acteurs majeurs dans ce domaine.
Pour le citoyen ou le commerçant lambda, il est clair que ce procédé devrait lui procurer bien des avantages. Moins de stock, des prix réduits, une plus grande liberté de création, des soins médicaux plus performants… l’avenir s’annonce excitant.
Publié Le 17/03/2014 à 13:54 par Frédéric Santos